02. juillet 2025
Communiqué de presse
Amazonie : pas de libre-échange avec le Mercosur sans protection obligatoire des droits humains et de l’environnement
Dans le cadre de l’AELE, la Suisse a négocié un accord de libre-échange avec les Etats du Mercosur. Depuis plusieurs années, Voices (anciennement la Sociéte pour les peuples menacés Suisse) met en garde contre les conséquences négatives d’un tel accord sur les droits humains et l’environnement. Compte tenu des évolutions législatives au Brésil, qui pourraient largement compromettre la protection de l’environnement et les droits des communautés autochtones, Voices estime que le cadre réglementaire contraignant pour la protection de l’Amazonie et des droits des autochtones n’est définitivement plus en place.
Les communautés autochtones vivant en Amazonie subissent tous les jours les conséquences de la destruction de leur environnement causée par l’agriculture et la sylviculture. Les deux projets de loi PL 2159/2021 et PDL 2024 visent à supprimer les droits fonciers des communautés autochtones et à affaiblir considérablement la procédure actuelle d’octroi de licences environnementales. « Dans le contexte de ces développements inquiétants, la Suisse risque, avec l’accord de libre-échange, de soutenir unilatéralement les intérêts du lobby agricole et des forces conservatrices et de favoriser la déforestation en Amazonie. Et une fois de plus, ce sont les communautés autochtones qui vont payer les conséquences du commerce mondial et de la société de consommation », déplore Anna Leissing, directrice de Voices.
Depuis juin 2017, la Suisse négociait un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) dans le cadre de l’Association européenne de libre-échange (AELE). Aujourd’hui, on a fait savoir qu’un accord a été trouvé. Voices alerte sur les répercussions négatives que l’accord envisagé aura sur les droits humains et l’environnement au Brésil.
« De ce que l’on sait à l’heure actuelle, l’accord de libre-échange n’offre aucun moyen suffisant d’éviter que les biens importés en Suisse sans droits de douane ne soient associés à la destruction de l’Amazonie, explique Anna Leissing. Par ailleurs, au Brésil, le non-respect du droit des communautés autochtones à un consentement libre, préalable et éclairé (CLPE) est malheureusement toujours monnaie courante dans les secteurs de l’agriculture et la sylviculture ».
Par conséquent, Voices estime qu’un accord de libre-échange sans adoption de dispositions contraignantes relatives au respect des droits humains et à la protection de l’environnement n’est pas acceptable. Voices alerte sur le fait que la politique commerciale résultant de cet accord anéantirait les efforts de la Suisse en matière de politique climatique et associerait de plus en plus l’économie du pays à la déforestation de l’Amazonie et aux violations des droits humains.
« L’accord de libre-échange avec le Mercosur est une occasion importante pour la Suisse de prendre au sérieux ses responsabilités au niveau mondial. L’Amazonie n’est pas seulement le territoire d’origine de nos partenaires autochtones, elle est aussi le poumon vert de notre planète », souligne Anna Leissing.